Le bien-être, en tant que concept central du bien-être a une place historique dans les textes de l’éducation nationale française, évoluant au fil du temps pour répondre aux besoins sociaux et pédagogiques.
Avant 2013, il n’est pas mentionné dans les textes, et pourtant il est présent. L’ignorance, est tout d’abord une souffrance qui doit être combattue. Avec la gratuité de l’enseignement, conquête de l’école républicaine La question du bien-être apparait en filigrane dans les repas et dans les internats de la cantine s’affinepris dans l’établissement. C’est une première contribution à la prise compte de l’élève dans sa globalité avec l’instruction gratuite. Peu à peu la qualité d’éducabilité est reconnue pour tous les enfants. Puis la notion de climat scolaire s’imposant, les notions de bienveillance et bien être se développe (2013). Enfin et plus récemment, le rythme s’est accéléré pour faire du concept de bien être un élément central en établissement.
I. L’instruction facteur d’égalité
Dès la fin du XIXe siècle, les premières lois scolaires de Jules Ferry en 1881-1882 ont posé les bases d’une éducation gratuite, laïque et obligatoire. Bien que l’accent fût principalement mis sur l’instruction, une dimension implicite de bien-être était présente, visant à offrir à chaque enfant les moyens de sortir de l’ignorance et de la pauvreté. Cette période voit également l’apparition de la cantine scolaire, contribuant à la prise en charge de l’alimentation et donc du bien-être physique des enfants en lien avec la gratuité de l’enseignement. Auparavant, elle était limitée à des financements d’œuvre de bienfaisance.
Au début du XXe siècle, les préoccupations concernant la santé et l’hygiène des élèves se sont intensifiées. La loi du 15 avril 1909 créant les classes de perfectionnement annexé à l’enseignement élémentaire public pose les jalons de l’enseignement spécialisé.
II. La notion du climat scolaire
Les années 1970 représentent une étape clé avec la montée en puissance des sciences de l’éducation et la reconnaissance de la psychologie scolaire. La loi Haby de 1975 favorise la prise en compte d’une communauté éducative et apporte un regard particulier sur les lieux qui doivent favoriser la création artistique. Acte fort de la massification de l’éducation, elle est rapidement suivie par une réflexion institutionnelle sur l’enseignement différencié.
La Loi de 2005 favorisant l’inclusion des élèves en situation de handicap dans le système éducatif témoigne d’une volonté accrue de garantir le bien-être de tous les enfants, sans discrimination.
La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République, dans son rapport annexé, fait de l’amélioration du climat scolaire une priorité « pour refonder une École sereine et citoyenne ». Elle est un enjeu majeur. Un « bon » climat permet une amélioration des résultats scolaires, du bien-être des élèves et des adultes, une diminution des violences en milieu scolaire, des problèmes de discipline, d’absentéisme, de décrochage scolaire et une plus grande stabilité des équipes.
Enfin la circulaire n° 2015-139 du 10-8-2015 précise que « Les CPE participent à l’élaboration de la politique éducative de l’établissement. À ce titre, ils contribuent à la mise en œuvre et au suivi du volet éducatif du projet d’établissement. Lorsque l’établissement dispose d’un internat, le CPE veille à ce que le projet éducatif contribue à la réussite et au bien-être des élèves qui le fréquentent. » et « Les CPE peuvent également avoir un rôle de conseil auprès de l’adjoint gestionnaire de l’établissement sur l’organisation des lieux de restauration, d’hébergement pour les internats, de travail et de détente qui contribue au bien-être et à la qualité de vie des élèves. »
Cela confirme que le bien être devient au cœur des préoccupations en établissement.
III. Le bien-être
En 2016, le plan "Bien-être et santé des jeunes" réaffirme l’importance de la santé mentale et physique des élèves, incluant des mesures pour lutter contre le stress et promouvoir une alimentation saine et équilibrée. « Le bien-être n’est ni le confort, ni le contraire de l’effort. Bien être, c’est être bien. C’est un droit et un devoir, envers soi, envers les autres. L’éducation à la santé, les campagnes de prévention des risques, l’identification des souffrances et la mise en œuvre des soins, s’inscrivent dans le projet national de justice et d’égalité des chances porté par l’École républicaine ». 1.
En 2017 le premier plan d’action contre le harcèlement renforce par la création de numéro vert, la création d’ambassadeurs, par ‘l’utilisation de la méthode de la préoccupation partagée, une dynamique professionnelle de traitement des situations de harcèlement. La dimension psychologique est importante.
En 2020 - Plan de continuité pédagogique et numérique : a mis en lumière l’importance du bien-être numérique, avec des initiatives pour assurer l’accès à des outils numériques et des ressources éducatives à distance, tout en veillant à éviter les inégalités et à maintenir un lien social entre élèves et enseignants.
En 2020, le lancement de l’école promotrice de santé s’appuie sur les travaux de l’ARS sur les compétences psychosociales. « Le concept One Health ; introduit dans les années des années 2000 par l’Organisation des Nations unies1 en faveur d’une vision holistique et intégrée de la santé, porte l’ambition de prévenir et de lutter contre la pauvreté et les inégalités tout en assurant une transition écologique et solidaire.
Dans ce contexte global, l’École joue un rôle important quant au déploiement d’une approche positive et intégrée de la promotion de la santé. En effet, l’École apporte une contribution significative à la santé et au bien-être des enfants et des adolescents. » 2.
En 2021 - Stratégie nationale pour l’éducation au développement durable (EDD) complète cette approche en visant à intégrer les questions environnementales dans les programmes scolaires, promouvant un bien-être global qui inclut la sensibilisation à l’environnement et la santé. L’objectif est de préparer les élèves à devenir des citoyens responsables et épanouis, conscients de l’importance de leur environnement.
Enfin la lettre de rentrée 2022 du ministre avait fixé trois objectifs à l’École : l’excellence, l’égalité des chances et le bien-être. Ces trois objectifs sont au cœur du projet de l’Ecole républicaine : la promesse d’un affranchissement par le savoir, au sein d’une école qui place l’instruction en son cœur, qui assure l’émancipation en offrant les mêmes chances et perspectives de réussite à tous ses enfants, et qui les accueille dans un espace d’apprentissage protecteur. Cette promesse repose sur la revalorisation du métier de professeur, sur l’assurance d’un service public d’éducation de qualité et sur les marges de manœuvre données aux équipes pédagogiques en apportant un appui concret à leurs projets.
Celle de 2023 veut :
- Faire de l’École un espace protecteur pour les élèves et les personnels (…)
- Permettre à chaque élève d’acquérir les savoirs fondamentaux et de réussir dans ses apprentissages (…)
- Permettre à chaque élève de s’épanouir et d’avoir toute sa place à l’école en précisant l’épanouissement de nos élèves suppose qu’ils puissent construire une relation aux autres et à eux-mêmes respectueuse et positive (…) 2023-2024 :
- Favoriser des comportements responsables, contribuer à construire une culture de l’égalité et du respect mutuel, participer au combat contre les violences sexistes et sexuelles à travers l’éducation à la sexualité
- Protéger la santé mentale des élèves
- Veiller à la bonne inclusion des élèves en situation de handicap
Le bien être est devenu un concept central de notre système éducatif, le bien-être de l’être apprenant, le bien-être de l’être social, le bien-être de l’individu. Le rôle de chacun est de garantir collectivement que ce bien-être sera bien cultivé tout au long de sa scolarité et permettant à chacun d’être garant de l’autre.
La question de la cohésion facteur générateur de bien être s’inscrit dans la continuité historique de la prise sa compte.
Sources complémentaires :
1 Mission Bien-être et santé des jeunes, rapport du Pr. Marie-Rose Moro et de Jean-Louis Brison au Président de la République, novembre 2016.
2. Vademecum pour l’école promotrice de Santé.
3. Christophe MARSOLLIER : https://www.reseau-canope.fr/nouveaux-programmes/magazine/vie-scolaire/le-bien-etre-des-enfants-a-lecole-fondements-et-enjeux.html en 2019.
Rapport de l’Inspection Générale, Les pratiques aux bénéfices des apprentissages "partie III, pratique au bénéfice des élèves. https://www.education.gouv.fr/les-pratiques-collaboratives-au-service-des-apprentissages-344236