CPE, sécurité, climat scolaire et bien-être : Agir sur le climat scolaire pour favoriser le bien être des élèves

, par Louise MARIE

Le bien-être renvoie à un degré de satisfaction individuel, des élèves ou des personnels, dans différents aspects de la vie scolaire et relève de la responsabilité collective.
La notion de climat scolaire n’est pas simplement le cumul des niveaux de bien-être individuels. Elle inclut aussi une dimension collective, en particulier par la prise en compte des relations entre les personnes. Objectif important en tant que tel, un bon climat scolaire permet également de faire progresser les résultats en matière d’apprentissage ou de sécurité (Debarbieux).
SI on inverse cette dernière affirmation en se plaçant du point de vue du domaine de compétences des CPE, on pourrait considérer que c’est en mettant en place les conditions de la sécurité matérielle et psychologique des élèves que l’on agit en premier lieu sur le climat scolaire.

1) La sécurité physique et psychologique, socle fondamental du bien-être

Le CPE, en tant que cadre organisateur et responsable de l’équipe vie scolaire, a un rôle central à jouer dans dans la production d’un climat scolaire satisfaisant en utilisant plusieurs leviers :
Par exemple en jouant sur la constitution des classes : c’est une organisation dont les objectifs à la fois pédagogiques (conditions d’apprentissage satisfaisantes) et de climat de classe, qui est l’ambiance relationnelle entre les pairs :
https://cpe.ac-versailles.fr/spip.php?article69
Dans une ambiance de classe dégradée, l’élève ne peut pas se sentir suffisamment en sécurité pour canaliser son attention et apprendre dans les meilleures conditions. Emotionnellement et cognitivement, il est comme empêché.
Le CPE peut également avoir une démarche d’aménagement des espaces scolaires, sous forme de tiers-lieu modulables, d’espaces apprenants (salle de permanence, étude) :
https://cpe.ac-versailles.fr/spip.php?article94
La question des espaces rejoint la relation entre le dedans et le dehors, le fait que l’élève inquiété sur le chemin de son établissement contribue à l’éloigner de l’école. Le fait de transiter par des lieux d’insécurité (gares, rues, lieux touchés par une guerre des quartiers ou des villes) également.
Le CPE est aussi membre du programme PHARE avec les autres personnels ressources et contribue à la lutte contre le harcèlement avec la méthode de la préoccupation partagée en élaborant le protocole utilisé dans son établissement :
https://cpe.ac-versailles.fr/spip.php?article125
On peut rappeler ici qu’il y a à présent 2 protocoles différents mais complémentaires pour traiter les situations : le protocole PHARE adapté surtout pour les situations d’intimidations et d’isolement et un protocole harcèlement proprement dit tombant sous le coup de la loi faisant du harcèlement scolaire (2022) un délit, impliquant des sanctions pouvant aller jusqu’au conseil de discipline sans exclure les recours à la justice par la famille de l’élève victime.

2) Une politique éducative mise en œuvre en équipe et en relais

La sécurité, même si elle ne représente qu’une des 5 dimensions du climat scolaire, correspond à un besoin fondamental de tous les individus. Cette notion apparaît dans 2 deux pétales de la marguerite du climat scolaire : la justice scolaire et la prévention des violences.
La justice scolaire passe par une bonne compréhension et une appropriation du règlement intérieur par les élèves, avec une application justifiée et graduée de l’échelle des punitions et des sanctions adaptées aux manquements, en coopération avec les parents, ce qui suppose un travail d’explicitation de longue haleine.
En effet, l’erreur serait de croire que la construction et le maintien du cadre éducatif vont de soi et que l’acceptation de sanctions parfois lourdes se fera sans discuter par les parents qui sont en quête de légitimité et de soutien éducatif sans jugement par l’institution scolaire. La seconde erreur à éviter est donc l’autoritarisme éducatif.

L’avis rendu par le CSP en janvier 2024 a mis en évidence cette demande d’ordre scolaire qui ne peut reposer que sur les épaules des CPE. Les enseignants eux-mêmes sont à la recherche d’actions conjointes en lien avec la vie scolaire : y répondre par un travail collaboratif avec les professeurs principaux dans le suivi des élèves au niveau individuel certainement mais pas uniquement.
Il s’agit pour tous de gagner en compétence dans le suivi et l’animation de la vie de classe, notamment par les différentes techniques d’animation de l’heure de vie de classe, souvent sous-employée. La classe est une entité organique complexe qui peut évoluer parfois de manière parfois très surprenante suivant comment les individus interagissent entre eux. Un levier important pour les CPE est la professionnalisation des équipes d’AED, en tant qu’éducateur de vie scolaire aptes à mener ces temps d’échange avec les enseignants et de collaborer avec l’équipe médico-sociale.
Un schéma ci joint essaie de synthétiser la place centrale des CPE (bas de page) qui coordonne, ajuste, relance, agit en appui et mobilise son équipe.

Dans Pédagogues de l’extrême, l’éducabilité à l’épreuve du réel, ouvrage collectif sous la direction de Rémi Casanova et Sébastien Pesce (2011, ESF éditeur), les chercheurs évoquent des défis éducatifs : enfants des bidonvilles, mineurs délinquants, au Mozambique, en Inde ou en Ile de France. Ces situations permettent de mettre en évidence des invariants tels que :
  L’Attention à l’environnement et à l’ambiance
  Rendre possible l’action, source de développement
  Que celle-ci soit l’œuvre d’un collectif
  Parler de, sur, avec : donner du sens pour produire de l’identité et de l’appartenance.

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)